Si par "vouloir la vérité" nous entendons simplement "vouloir se prémunir de ses contraires", qui seraient le mensonge, l'erreur, l'illusion, voire l'ignorance, la question "pourquoi vouloir la vérité ?" semble déjà comporter en elle-même sa réponse : dans le but de se prémunir du mensonge, de l'erreur, de l'illusion ou de l'ignorance !
Mais, à y regarder de plus près, celui qui est dans l'erreur, par exemple, n'adhère-t-il pas à son erreur avec la même conviction que celui qui détiendrait la vérité ? Celui qui est dans l'ignorance, et par conséquent ignore qu'il est ignorant, n'adhère-t-il pas à ce qu'il croit être vrai avec la même conviction que celui qui détiendrait la vérité ?
Nous étions, pour commencer, partis de l'idée que quelque chose allait de soi, dans la vérité (exemple de la feuille blanche) ; nous en sommes arrivés à celle, beaucoup moins évidente, d'une nécessité de vérification, pour s'assurer de ne pas tenir pour vrai ce qui ne l'est pas. Or toute la difficulté, c'est qu'il semble bien que plus on est éloigné de la vérité, moins on éprouve la nécessité de vérifier les idées que nous tenons pour vraies. De ce fait, la possibilité même de la vérité ne dépend-elle pas du fait que, délibérément, on la recherche, et avec d'autant plus de fermeté qu'il nous semblerait déjà la détenir ?
Cette recherche de la vérité serait alors la plus paradoxale des recherches, consistant à chercher d'autant plus qu'il nous semblerait ne pas en avoir besoin…
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